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De l’écologie coloniale. Histoire et traces – Rencontres – débats le mercredi 9 octobre 17h-19h avec Martine Chalmet et Matthieu Duperrex au MUCEM

Cette rencontre autour du paysage, de sa patrimonialisation et de son effacement envisage les écologies coloniales et leurs traces, à partir de deux approches, historienne pour l’une et plus sensorielle pour l’autre, avec une conférence performée, jouée, faisant la place au son et à l’image. Des parcs nationaux en Algérie à l’Oued enfoui de Casablanca, on suivra l’élaboration des liens au vivant pris dans des logiques mêlées, économiques, politiques et urbaines, où domination coloniale et maîtrise de la “nature” s’enchevêtrent.

Les parcs nationaux en Algérie dans les années 1920-1930. L’exemple d’une politique coloniale de patrimonialisation (Martine Chalmet)

Entre 1921 et 1931, les autorités françaises ont créé treize parcs nationaux dans la colonie algérienne. Ces classements s’inscrivaient dans le cadre de la politique patrimoniale des monuments naturels lancée en métropole depuis 1906. Il s’agissait de conserver, de mettre en valeur puis de transmettre et de perpétuer un bien, vu comme un héritage commun indispensable à l’ensemble de la collectivité nationale. Toutefois, le cas de l’Algérie française constitue une exception et une originalité dans le mouvement de classement de ces « lieux de mémoire ». Volonté de conservation de la nature et des forêts, des sites et des paysages ? Essor du tourisme et de nouveaux usages sociaux et coloniaux de la nature ? Politique d’appropriation des sols et d’interdiction des usages agros-sylvo-pastoraux ? Politique coloniale de quadrillage de l’espace ? Négation ou reconnaissance des pratiques et des identités locales ? Construction de paysages nouveaux, fruits des relectures patrimoniales et touristiques  ? In fine, l’analyse de l’organisation des parcs nationaux, de la sélection des massifs à conserver, de leur « mise en valeur » et de la publicité qui en est faite permettra de poser la question : dans une colonie de peuplement, quelles politiques de patrimonialisation et de colonisation ont été mises en œuvre ?

Martine Chalvet, maître de conférences en histoire contemporaine (AMU/TELEMMe), spécialiste d’histoire de l’environnement, et plus précisément de l’histoire des forêts, travaille sur la protection des espaces forestiers, l’expertise dans le domaine de l’environnement, les perceptions de « la » forêt par les sociétés, les usages sociaux de « la » nature, les risques, notamment les incendies, l’évolution des paysages et les interactions homme/forêt dans l’évolution des écosystèmes en Méditerranée (Provence Algérie). Elle a publié en 2011, réédité en 2022, aux Editions du Seuil, Une histoire de la forêt.

Suivre l’oued et remonter l’histoire coloniale du paysage. L’exemple d’une politique coloniale de patrimonialisation (Conférence performée par Matthieu Duperrex)

L’évolution métropolitaine de Casablanca, capitale économique du Maroc, est ici appréhendée au travers du suivi du lit « invisible » d’un fleuve côtier d’une trentaine de kilomètres, l’oued Bouskoura. Ce cours d’eau a été enterré par les diverses opérations d’urbanisme colonial du vingtième siècle qu’a prolongé le développement urbain accéléré de Casablanca depuis les années 1980. Transect critique à l’intérieur du tissu métropolitain, la géographie de l’oued est aussi l’occasion de placer en perspective l’écologie coloniale dont Casablanca hérite. Ce travail est fondé sur un terrain développé avec le photographe Abderrahmane Doukkane lors d’une résidence croisée entre l’Atelier de l’Observatoire (Casablanca) et la Maison des arts Georges et Claude Pompidou (Cajarc).

Matthieu Duperrex est maître de conférences en sciences humaines à l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille. Artiste et théoricien, directeur artistique du collectif Urbain, trop urbain, ses travaux procèdent d’enquêtes de terrain sur des milieux anthropisés et croisent littérature, sciences-humaines et arts visuels. Son dernier livre s’intitule La rivière et le bulldozer (Paris, Premier Parallèle, 2022).

Modération : Stéphanie Latte Abdallah (CNRS / EHESS-Césor / ANR IMAGIN-E) et Juliette Duclos-Valois ( EHESS-CéSor / ANR IMAGIN-E)

Article – Under the Baghdad sun in Anthropology News by Juliette Duclos-Valois

“During a brief visit to Iraq in the heat of summer 2023, Volker Türk, the UN High Commissioner for Human Rights, declared, “The era of global boiling has indeed begun.” It was an assertion that no Baghdadi would dispute. In the Iraqi capital, summers extend over seven months, characterized by a hot, arid climate with intense sunlight and temperatures that can exceed 50°C (122°F). The weather is not just a backdrop for the city’s inhabitants. It is a fundamental aspect of their existence, a matter of concern, attention, occupation, and idleness that affects the entire organization of social life and lead to the politicization of their situation.”

Read the full article 

Entretien de Taher Labadi – CAREP

“Dans l’actuelle offensive menée par Israël contre la bande de Gaza, le recours à la destruction des terres agricoles comme arme de guerre interroge. Cette stratégie de la « terre brûlée », serait mise en œuvre de manière délibérée selon le directeur Israël-Palestine de l’ONG Human Rights Watch, Omar Shakir. Elle vise à anéantir les capacités de production alimentaire et à priver la population palestinienne des moyens de se nourrir. L’Organisation mondiale de la santé a récemment mis en garde contre le risque de famine qui s’installe dans la bande de Gaza en raison des hostilités en cours qui polluent l’air, détruisent les terres agricoles et contaminent l’eau et les sols.

Lire l’entretien 

Presse – Article de Taher Labadi dans The conversation

Quelle vie économique dans la bande de Gaza ?

Photo prise le 7 juin 2011 à Gaza City. Depuis 2007, l’économie de la bande de Gaza est sinistrée. Shutterstock

Beaucoup de choses auront été dites sur la bande de Gaza ces dernières semaines. Ce territoire enclavé régulièrement mis sous les feux de l’actualité reste toutefois relativement méconnu. Il en va également ainsi de son économie, dont on peine à comprendre comment elle fonctionne, compte tenu du blocus et des guerres qui sévissent depuis bientôt deux décennies.

Article à lire ici 

Entretien dans Reporterre de Stéphanie Latte Abdallah

Le retour à la terre participe de la lutte. Mghrayer, Cisjordanie, Palestine, Juin 2023 © Stéphanie Latte Abdallah

“Jardins communautaires, coopératives… En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens ont développé une « écologie de la subsistance qui n’est pas séparée de la résistance ».

Alors qu’une trêve vient de commencer au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, Stéphanie Latte Abdallah souligne les enjeux écologiques qui se profilent derrière le conflit armé. Elle rappelle le lien entre colonisation et destruction de l’environnement, et « la relation symbiotique » qu’entretiennent les Palestiniens avec leur terre et les êtres qui la peuplent. Ils partagent un même destin, une même lutte contre l’effacement et la disparition.

Un entretien à lire ici :

Festival Allez-Savoir 2023 – Voyages en Utopies

Le 21 septembre 2023, Stéphanie Latte Abdallah, Bénédicte Florin et Simone Spera, trois membres de l’ANR ainsi que Thomas Pierret présentaient une table ronde/débat et un atelier pédagogique à l’édition 2023 du festival Allez-Savoir

Atelier pédagogique : réinventer le futur au Moyen-Orient

Politiste, géographe, anthropologue croisent leurs regards sur des expérimentations de modèles utopiques au Moyen-Orient pour inventer un futur dans un contexte de crise économique, politique et écologique profonde, d’effondrement et de conflit colonial. Expériences d’autonomie, paysannes et écologiques, au Liban et en Palestine, écoles démocratiques en forêt au Liban… donneront à réfléchir aux élèves au devenir de notre monde commun.

Table ronde – débat  : Utopies de crise, de conflit. Réinventer le futur au Moyen-Orient. 

Quel regard porter sur l’expérimentation de modèles utopiques au Moyen-Orient, qui réinventent un futur dans des contextes de crise économique, politique et écologique profonde, d’effondrement et de conflit colonial ? Expériences d’autonomie, paysannes et écologiques au Liban et en Palestine, écoles en forêt et démocratiques au Liban… Il s’agit de réfléchir au devenir de notre monde commun. Elle invite à dialoguer avec le public sur des pratiques et des imaginaires utopiques qui se multiplient au Moyen-Orient, dans des situations de crise politique et économique et de conflit, marquées par différentes formes de violence. 

Paper – Simone Spera : An Intergenerational Dialogue on Alternative Education in Lebanon

An Intergenerational Dialogue on Alternative Education in Lebanon

For more than 50 years, Lebanon has been witnessing the rise of several experiences aiming at the development of a democratic, liberated and liberating educational model: literacy and popular education through Paulo Freire’s approach; “humane” and non-violent education; forest schools; democratic schools; educational cooperatives; etcetera. For a variety of reasons, including economic crises as well as political backlash and social fragmentation, some of these experiences were held back or brought to a halt, and they didn’t manage to expand their reach. As a result, younger generations of activists and educators are often disconnected from past educational experiences in Lebanon. In the same way, former generations are often disenchanted on the current state of affairs in the country, and they are not always acquainted with the ongoing critical educational endeavours in the present.

On June 10th 2023, 15 educators gathered in Beirut to attend the meeting Liberating Education: A Dialogue Between Generations (“Tahrîr al-tarbiya: hiwâr bayna al-ajiyâl”). The idea came from one of my research participants, who regretted her own lack of connection with the tradition of alternative education in Lebanon while working herself in the field. She suggested bringing together different generations of educators to let them get to know each other and dialogue around their experiences. During the meeting, we heard from these educators the stories of four projects, and each presentation was followed by shared memories and passionate debates. This meeting was meant to bridge the generational gap, learn from local experiences and restore a link between the past, the present and the future of alternative education in Lebanon.

Meeting participants, 10/06/2023, Hostel Beirut, Beirut. ©Simone Spera.

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BRISMES Panel : Rural Lives and Agricultural Practices in Kurdistan and Palestine. Approaches to Violence, Dispossession, and Alternative Futures 

BRSIMES Conference : Ecology, Crisis, and Power in the Middle East, 3-5 July 2023, University of Exeter.

Fadia Panosetti, Clemence Scalbert and Michaël Thevenin, three ANR members presented their research at the 2023 BRISMES Conference in a panel entitled : Rural Lives and Agricultural Practices in Kurdistan and Palestine. Approaches to Violence, Dispossession, and Alternative Futures.

This panel explores past and present transformations and envision possible futures in rural Palestine and Kurdistan. In the 20th and 21st century, rural areas in these two regions have gone through violent dynamics of destruction and dispossession: the destruction of villages and agricultural lands and the transformation of livelihood and life space turned the inhabitants of rural areas into forced migrants, refugees, exiles, and urbanites, and sometimes made the environment unlivable. Practices of resistance have developed – from organised collective action to daily life practice – and new visions for the future have emerged – movement for democratic autonomy and social ecology in Kurdistan; anti-colonial movement for self-determination and decolonization in Palestine. Studies of these violent transformations, have developed, yet little communication between researchers of Palestine and Kurdistan has been taking place. This panel aims to create a place to exchange on the commonalities and differences of the violent processes of dispossession and the spaces for resistance in the rural worlds and lives on the one hand; on the different dominant paradigms and epistemological approaches used for the analysis and understanding of each region on the other hand. The panel explores how capitalist structures of accumulation have unfold in locations in which nationalist/neo-/settler-/post-colonial power is exercised; how different political responses emerge in, against and beyond specific capitalist-colonial formations and procedures; how rural futures are imagined, and new practices experimented; but also how past hierarchies are reproduced along lines of gender, generation and class and new ones are produced. 

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Les entretiens d’IMAGIN-E : Yahia Hakoum, enquêter avec celles et ceux qui ont participé à la révolution syrienne

Yahia Hakom est doctorant en études politiques à l’EHESS sous la direction de Stéphanie Latte Abdallah et Cécile Boëx, il est rattaché au laboratoire de CéSor. Il enseigne à IHECS à Bruxelles et est notamment l’auteur avec Élise  Daniaud de « The European Union in Syria : too complacent ? » publié en novembre 2022 dans The Conversation.

© Objectif Sam, manifestation dans la Ghouta, 03/05/2016.

Tu es en train de rédiger ta thèse, quel en est le sujet ? 

Yahia Hakom : Ma thèse porte sur les formes d’auto-organisation qui émergent pendant la révolution syrienne. Dès avril 2011 apparaissent dans la plupart des quartiers sous le nom de comités locaux (التنسيقيات المحلية) des groupes composés d’une quinzaine de personnes qui s’associent pour organiser des manifestations contre le régime de Bachar al-Assad. Quelques mois plus tard, lorsque la révolution commence à s’armer, le régime se retire de plusieurs zones et y supprime les services. Les comités locaux vont alors suppléer l’État pour répondre aux besoins de la population. L’impératif d’administration des « territoires libérés » conduit à l’institutionnalisation de ces comités. Ils sont soutenus et coordonnés à l’échelle nationale par trois autres types d’organisations :  les comités de coordination locaux (لجان التنسيق المحلية), le conseil général de la révolution syrienne et la réunion des coordinations locales. Précisément, ma recherche étudie ces processus d’association dans la région de la Ghouta. Le fait qu’elle se soit retrouvée assiégée est l’un des facteurs qui a conduit à ce que s’y développent des comités locaux particulièrement créatifs, à l’origine de nombreuses initiatives. Dans ma thèse, je retrace tout d’abord l’interpénétration urbaine, politique, économique et sociale qu’il y a entre le territoire de la Ghouta et celui de Damas afin de montrer comment ces dynamiques ont facilité ou entravé la participation citoyenne à la contestation. Je m’intéresse ensuite aux trajectoires personnelles des acteurs de la révolution, à ce qui motive leur engagement et à la façon dont s’articulent les dimensions individuelles et collectives. Puis, je montre comment la concurrence entre les différents acteurs locaux et l’intervention d’organisations étrangères influencent le développement d’une gouvernance alternative au régime. Enfin, j’analyse comment se reconfigure la région après sa reprise par Bachar al-Assad dont la politique de répression aboutit au seul contrôle d’un territoire alors vidé de ses habitants.

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Atelier de cartographie expérimentale par Florence Troin et Philippe Rekacewicz

Au cours d’une semaine de travail à Istanbul avec l’ensemble des membres de l’ANR nous avons eu la chance de participer pendant un jour et demi à un atelier de cartographie expérimentale animé par Florence Troin et Philippe Rekacewicz.

À l’heure où la construction de la carte est de plus en plus automatisée, où la fabrique cartographique échappe aux mains des seuls géographes et où l’image cartographique tend à se standardiser sous l’effet d’outils qui s’apparentent de plus en plus à de véritables boîtes noires algorithmiques, Florence Troin et Philippe Rekacewicz proposent un projet de recherche-création, sous la forme d’un Atelier de cartographie expérimentale. Comme ils le soulignent la cartographie expérimentale est le fait de pratiques cartographiques développées, individuellement ou collectivement, par des géographes, des cartographes ou des artistes, mais aussi par des journalistes, des architectes, des designers ou d’autres chercheurs en sciences sociales (liste non exhaustive). En s’affranchissant des codes habituels de la cartographie, en les renouvelant, en les contournant, en les détournant, elle propose des cartes qui portent des messages qui provoquent le débat et l’action, qui s’engagent en termes de justice sociale et environnementale, des cartes plus « politiques » qui s’inscrivent dans le cadre plus vaste de la cartographie critique, voire radicale.

Présentation de Florence Troin “de la carte …à la carte sensible”.
Présentation de deux cartes d’émargement réalisées par les membres de l’ANR.
Chacun·e commence à travailler à la réalisation de sa carte d’identité.
Deuxième jour de travail sur les cartes d’identité.
Florence Troin nous présente la balade sensible.
Échanges sur les cartes d’identité réalisées par les membres de l’ANR.